2013

Spectacle créé au CRT St. Blaise et repris à Göreme – Kral Deresi Vadi, le 05.06.2013

d’après Fuzuli

Mise en scène et adaptation : Ali Ihsan Kaleci

Avec : Ori Gershon, Erica Letailleur, Neslihan Derya Demirel, Jeanne Truong, Ayça Köklü, Özgün Cakar, Vahit Saritas

Musique : Simare Imanova, Ramin Rzayev, Anar Yusubov


Un jeune homme appelé Kays, issu d’une riche famille, tombe éperdument amoureux de Leyla. De la même manière, Leyla aime Kays. Mais très vite, les parents des deux jeunes gens, touchés par la rumeur et soucieux de la réputation de leur famille, les séparent en leur interdisant de se voir. Remettant en cause l’autorité patriarcale et allant contre les traditions établies, leur passion est condamnée. L’ardeur de celle-ci n’en est que redoublée. Commence alors pour Kays une longue descente dans le royaume de la folie. On le surnomme désormais : Mecnun, le fou de Leyla. Plus rien n’existe pour lui, sauf son amour. Le père de Leyla tente de la marier à un autre, mais jamais Leyla n’acceptera d’épouser un autre que Mecnun. Quant à Mecnun, il s’enfuit dans le désert, avec pour seuls compagnons les bêtes sauvages, passant ses journées à adorer l’aimée. Lorsqu’il apprend un jour la mort de Leyla, il se suicide.


Leyla et Mecnun est une oeuvre majeure de la littérature soufie. Elle décrit une histoire d’amour absolu et tragique, comme le Roméo et Juliette de Shakespeare. Depuis des siècles, cette passion légendaire a fait émerger toute une tradition littéraire et artistique, traitant de l’amour absolu et de son expression mystique. Selon la tradition, Mecnun incarne un héros mystique, dont l’élan passionnel a pour but ultime de se rapprocher du divin. Dans ce sens, Leyla incarne la beauté et la grâce de la divinité elle-même : elle se transforme en un intermédiaire qui sert à la révélation de la beauté absolue.


A cette étape de l’amour, les catégories de l’entendement ne peuvent raisonner ni expliquer cette passion brûlante qui est alors qualifiée de « folie ». L’oeuvre de Fuzuli, en ce sens, pose un défi artistique que nous avons choisi de relever : comment dépasser la forme de l’oeuvre, pour en faire entendre le sens le plus profond? Comment dépasser les catégories esthétiques que l’on attribue généralement aux différents « genres » des arts de la représentation (théâtre, chant, danse), pour aller vers une expression ultime et totale de la passion elle-même?